vendredi 9 mars 2007

Demain, une Mauritanie nouvelle


Ce week-end, les Mauritaniens vont se rendre aux urnes et choisir parmi 20 candidats leur futur Président. Pour la première fois depuis l’élection en 1960 de Moktar Ould Daddah, le père de l’indépendance et de la Mauritanie moderne, ce choix sera libre et démocratique.

Aveuglés par les turpitudes et aléas de notre campagne nationale, nous oublions que des peuples de l’autre côté de la Méditerranée découvrent le droit de se doter de représentants librement, et ainsi de se constituer un avenir qui ne rime plus avec la personnalisation du pouvoir et les dérives qui vont avec.

La Mauritanie a pourtant fait la une des médias Français et Européens l’an dernier pour être le point de départ des pirogues chargées d’émigrants en route pour l’occident. Les journalistes venus sur place n’ont malheureusement pas su voir au-delà des plages du Sahara d’où partaient pour ne jamais revenir des milliers d’Africains, un autre phénomène, heureux celui-là et porteur d’optimisme dans une région des plus déshéritée du continent noir.

Depuis le 3 août 2005, une junte militaire a profité de l’absence du Président Taya pour renverser son régime tribal, autoritaire mais cependant mâtiné d’une inféodation à Washington, ce qui impliquait sa participation au programme anti-terroriste pan Sahel, la reconnaissance de l’Etat d’Israël, en échange de la validation de ses élections truquées. Un coup d’Etat de l’intérieur, une tradition dans ce pays où ils se sont succédés depuis 1978, mais pour une fois, les militaires, sous la houlette du colonel Ely Ould Mohamed Vall, n’ont pas fait comme leurs sinistres prédécesseurs et se sont engagés dans la voie de la transition démocratique. Ils se sont ainsi engagés à rendre le pouvoir au bout de deux ans, période durant laquelle ils réformeront la Mauritanie pour la préparer à son futur destin de république islamique enfin démocratique.

La révision de la constitution, adoptée par une étonnante et large participation le 25 juin 2006 (cf Libération de ce jour là), entérine cette volonté : limitation des mandats présidentiels à deux, suppression de l’article 104 qui permettait au pouvoir de modifier à sa guise la constitution.

Auparavant, la junte avait garantit le retour des libertés : la presse, autrefois muselée, retrouvait sa liberté d’expression et RFI son antenne, les précédents putschistes ainsi qu’une grande partie d’islamistes -incarcérés par Taya pour donner des gages de fidélité à Georges Bush- étaient libérés.

Ensuite, et en coordination avec les nouveaux partis, dont une majorité nouvellement crées, les autorités réforment le code électoral, introduisent une part de proportionnelle pour diminuer le poids du tribalisme, fixent des quotas de candidates, les modalités de remboursement des campagnes électorales et établissent le bulletin unique pour juguler les risques de fraudes. Le succès des élections municipales, législatives et sénatoriales sont la preuve de la réussite de cette démarche.

La question du pétrole, qui a jailli des flots Mauritaniens peu de temps après le coup d’Etat, a été renégociée bec et ongle par la junte afin de garantir plus de ressources financières au budget national et dont une partie est versée sur un fonds spécial, garanti par les bailleurs de fonds, pour les générations futures, suivant ici l’exemple du Tchad.

Entre-temps, les Mauritaniens ne tardent pas à se servir des libertés offertes pour faire le procès d’un passé lourd de carences. La minorité noire, écartée du pouvoir à de nombreuses reprises par un exécutif arabisant et étranger à l’africanité de la Mauritanie, victime de véritables pogroms en 1989 lors du conflit avec le Sénégal, réclamait la vérité sur le « passif humanitaire » (nom officiel des massacres raciaux et des déportations qui s’en suivirent) et surtout le retour à leurs postes des citoyens chassés de l’administration, et, le plus souvent, de leur pays. Montrant leur bonne volonté, une scission éclata parmi les FLAM, mouvement radical négro-mauritanien en lutte contre le pouvoir beydan (blanc, donc arabe) et une partie rentra d’exil pour participer à la transition.

La Mauritanie, à la veille d’élections cruciales, sera demain gouvernée par un président légitimé par les urnes et non plus par les armes. Après le Sénégal, le Mali, la démocratie s’installe durablement en Afrique de l’Ouest, et ce, sans le concours de gênants et inopportuns partenaires extérieurs. La démocratisation voulue par Mitterrand au sommet de la Baule s’est révélée être une énième manœuvre de la Françafrique pour redorer son blason. Le salut du peuple africain vient de lui-seul, les citoyens mauritaniens le prouveront au monde dès demain.

3 commentaires:

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