vendredi 9 mars 2007

Les femmes en politique

La représentation politique des femmes n’était avant le changement institutionnel du 3 août qu’un vain mot. En effet, lors des dernières élections législatives, seules cinq femmes sont devenues députées. Au niveau municipal, la Mauritanie n’a qu’une seule maire, dans la ville de Tevragh Zeina (une des neuf communes de la communauté urbaine de Nouakchott). Enfin, l’U.D.P est le seul parti ayant à sa tête un membre de la gent féminine, qui ne représente toutefois qu’11 % du bureau politique. Aujourd’hui, le gouvernement provisoire compte trois représentantes, dont une ministre.

Lors des journées de concertation entre le Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie et les partis politiques, les participants ont annoncé vouloir atteindre une proportion de 20 % d’élues lors des futures élections par le moyen de quotas. Depuis, cet objectif est diversement apprécié par les partis.

Tout d’abord, les organes exécutifs de ces partis présentent un déficit patent en membres féminins[1]. Une féminisation de la représentation nationale lors des élections est cependant encouragée par les dirigeants des partis politiques qui soutiennent de façon consensuelle ce louable objectif. Néanmoins, pour le secrétaire général de l’A.P.P, c’est le moyen pour y parvenir qui pose problème : « Nous refusons l’idée de quota qui une mode occidentale ».

Si les autres partis sont favorables aux quotas, ce moyen ne représente pas la panacée pour féminiser la vie politique. En effet, pour un vote à la proportionnelle, l’obligation de présenter 20 % de femmes n’est efficace que si elle assortie d’une autre, celle de les placer à des niveaux éligibles, et non en fin de liste. Pour les élections unipersonnelles, le problème est plus complexe. Le GPAQF, le groupe pour l’application du quota des femmes, s’est constitué et a présenté au C.M.J.D des propositions afin de concrétiser l’objectif des 20 % aux élections. En attendant la réponse des autorités, le groupe a appelé à une manifestation vendredi et aux femmes de s’inscrire sur les listes électorales.

La Mauritanie est encore fortement marquée par le patriarcat aussi bien au niveau sociale, économique que politique. Cependant, l’ouverture et la modernité font leurs chemins, comme le montre le recul relatif des sévices imposés aux femmes. Elles voient ainsi leurs rôles, traditionnellement cantonnés aux travaux domestiques, s’améliorer.

Néanmoins, la transition politique est un sujet brûlant et primordial pour les partis politiques. S’ils affichent aujourd’hui une volonté d’ouverture vers les femmes, il ne faut pas oublier qu’ils sont dirigés par des hommes attendant parfois depuis 20 ans leur tour d’accéder aux hautes responsabilités et qu’ils seront sûrement réticents à laisser leur place à leurs collègues féminines. A titre d’exemple, alors que foisonnent les candidatures à l’élection présidentielle, aucune femme n’a annoncé la sienne, preuve du monopole masculin accaparant la vie politique mauritanienne.

Le pouvoir politique est traditionnellement un attribut de la virilité, car légitimé historiquement par la guerre, les armes (ou aujourd’hui, les coups d’Etat militaire) ; il est donc exercé le plus souvent par des hommes. Le mouvement paritaire, qui est encore loin du compte dans des pays avec plus de deux cents ans d’expérience démocratique, ne peut pas être attendu du jour au lendemain en Mauritanie. Ses prémices que l’ont peut observer aujourd’hui sont dés lors de bonne augure pour le futur.



[1]Bureaux Politiques, nombre de femmes : U.D.P : 4 sur 36 ; A.P.P : 1 sur 21 ; U.F.P : 2 ; R.D.U : 12 sur 48 ; A.J.D : 2 sur 18 et 1 sur 5 pour le bureau du conseil national, parti ayant inscrit comme objectif la parité !

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